Dmitri Rogozine, ambassadeur de la Russie auprès de l'OTAN "Si l'OTAN échouait en Afghanistan, la Russie devrait faire la guerre aux extrémistes"

Comment la Russie envisage-t-elle le sommet des Etats membres de l'OTAN, qui se réunissent à Strasbourg et Kehl (Allemagne) le 3 et 4 avril ?

Nous attendons d'abord une transformation de l'OTAN en alliance politique et militaire moderne, capable de garantir la sécurité dans l'espace euro-atlantique ; sinon elle se transformera en gendarme global. Nous attendons aussi des réponses sur la manière de régler la situation en Afghanistan. Les troupes de l'OTAN sont dans cette région, et nous ne voyons pas les résultats de leur action pour le moment. Enfin, nous attendons l'affirmation de la nécessité du partenariat avec la Russie, et la reconnaissance du fait que l'Alliance a commis des erreurs en s'alignant sur les positions du président géorgien durant l'été.

Depuis ce conflit, le dialogue avec la Russie - au sein du Conseil OTAN-Russie - est suspendu. Les membres de l'Alliance ont décidé, le 5 mars, de le renouer. Pourquoi la Russie n'a-t-elle pas encore donné son accord ? Quelles sont ses conditions ?

La Russie n'est pas un chien qui obéit au premier appel. Quand le président géorgien Mikheil Saakachvili a tout fait pour déclencher un conflit militaire d'amplitude européenne, l'OTAN n'a pas attendu les mots de la Russie et a poursuivi sa politique, indépendamment des préoccupations russes. A présent, nous allons analyser le document que l'Alliance va adopter. Fin avril, nous aurons une réunion officielle des ambassadeurs du Conseil OTAN-Russie. A cette réunion, nous souhaitons avoir un représentant de haut niveau de l'Etat major militaire russe, afin d'engager une conversation professionnelle, et pas uniquement émotionnelle sur les causes de la guerre en août.

Dans la deuxième quinzaine du mois de mai, nous devrions avoir une rencontre, durant laquelle notre ministre des affaires étrangères est prêt à rencontrer ses homologues. Il s'agirait d'évoquer l'Afghanistan, mais aussi l'initiative de traité sur la sécurité collective suggérée par le président Dmitri Medvedev. Si nous avons de sérieuses garanties, nous pourrions prendre notre décision sur la restauration de notre coopération militaire.

En dépit des divergences, la Russie a proposé son assistance pour l'approvisionnement des forces de l'OTAN en Afghanistan. S'agit-il d'un modèle de coopération à reproduire ?

Nous avons nos différences, mais cela n'exclut pas la coopération lorsque nous faisons face à des menaces communes, comme en Afghanistan, où l'opération des forces d'assistance à la sécurité, menée par l'Alliance, et sous mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, est toujours en place. Nous souhaitons éviter que le virus de l'extrémisme franchisse les frontières de l'Afghanistan et se répande vers d'autres Etats de la région comme le Pakistan. Si l'OTAN devait connaître un fiasco, la Russie et ses partenaires devraient faire la guerre contre les extrémistes en Afghanistan.

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