Décrit comme un ancien petit malfrat de Sarcelles dans les années 1980, ancien homme de main du milieu, Alexandre Djouhri, au fil des années, est devenu un conseiller obligé de grands patrons du CAC 40, mais surtout un intime de Dominique de Villepin. "Je les tiens tous par les couilles", aurait-il dit. La phrase, dont Péan fait la chute de son livre, donne le ton glacial du livre.
Au fil des chapitres, l’enquêteur décortique le rôle supposé d’Alexandre Djouhri dans une série d’affaires ténébreuses, comme la libération des infirmières bulgares en Libye ou les grandes manoeuvres du nucléaire français qui se sont soldées par la chute d’Anne Lauvergeon au profit d’Henri Proglio, le patron d’EDF. "Tais-toi : tu es le soldat, je suis le général", aurait dit Djouhri à Proglio, selon Péan, lors d’un déjeuner au George-V.
Autre particularité du mystérieux Alexandre Djouhri, sa proximité avec deux hommes du premier cercle sarkozyste, Claude Guéant, l’actuel ministre de l’Intérieur, et Bernard Squarcini, le patron des services de contreespionnage. "Une légende noire sans aucune preuve", réplique-t-on dans l’entourage de Djouhri. Combien pèse ce selfmade- man actuel, ennemi personnel d’un autre homme de l’ombre, Ziad Takieddine? Entre 100 et 150 millions d’euros, ou plusieurs milliards, au point de posséder à lui seul 8% de Veolia?
Le livre de Péan, plongée brutale dans le monde gris des porteurs de valises, annonce ainsi une campagne présidentielle sans merci. Alexandre Djouhri, après avoir hésité à demander la saisie du livre, selon un de ses proches, a décidé d’attaquer Péan en diffamation. La guerre des réseaux se poursuivra donc devant la justice.
