Grandes Ambitions: La panique et la colère s’emparent de Paul Biya

DOUALA - 17 SEPT. 2010
© MICHEL MICHAUT MOUSSALA | Aurore Plus
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A quelques mois de l'élection présidentielle de 2011, aucun projet des Grandes ambitions du chef de l'Etat n'a démarré à cause de l'incapacité de ceux qui sont chargés de la mise en forme de cet ambitieux programme et de la faute même de son géniteur.

 

Quels thèmes de campagne utilisera le Rdpc au pouvoir pour soutenir son candidat Paul Biya auprès des populations désabusées ? Seul l'emprunt obligataire de 200 milliards de FCFA pourrait permettre au chef de l'Etat de lancer ses projets.

Les Grandes ambitions de Paul Biya sont devenues un véritable serpent de mer dont on ne voit ni la queue ni la tête. Depuis que le locataire du palais de l'unité d'Etoudi et ses ministres serinent que des infrastructures diverses (barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Mem'velé, port en eau profonde de Kribi, exploitation du fer de Mbalam, etc.) seront progressivement mis en place, rien n'a pris corps au point où et cela nous a été rapporté que certains compatriotes ferment leurs postes de radio ou de télévision ou changent de chaînes quand on parle de Grandes ambitions. Cette situation préoccupe Paul Biya même s'il donne l'air d'être serein, car il risque d'être traité de menteur par les populations au moment de faire son bilan pendant la campagne électorale du scrutin présidentiel de 2011 ? Sur quoi va-t-il s'accrocher, sur quelle réalisation va-t-il s'appuyer pour dire au peuple que son bilan est positif au cours du septennat qui est entrain de s'achever ? Aucun thème de campagne ne sera porteur. L'opération Epervier est un échec total, un échec sur toute la ligne, (les présumés détourneurs de deniers publics sont derrière les barreaux) n'a pas rempli les caisses du trésor public. Pire même, on se rend compte que des innocents sont en prison pour des raisons autres que les détournements de deniers publics dont on les accuse. Les infrastructures tant promises n'ont pas vu le jour, les populations n'ont pas ressenti la moindre amélioration de leur niveau de vie, etc.


L'inertie persiste

Tout ce chaos découle de l'incapacité des collaborateurs de Paul Biya qui n'ont pas pris des mesures énergiques pour traduire dans la réalité les aspirations de leur chef. Ces ministres effectuent en effet de nombreuses descentes sur le terrain, voyagent à l'étranger, gesticulent à la moindre occasion, paradent devant les caméras, braillent dans les micros pour un résultat nul. Certains ne font rien de tout cela, ils se contentent de rester dans leurs bureaux pour surveiller l'achat du papier hygiénique, les dépenses de carburant. Ils font le mort afin de se faire oublier par le grand manitou qu'est Paul Biya. Les forces d'inertie que ce dernier avait fustigées lors du premier conseil des ministres qu'il avait présidé le 3 juillet 2009 soit quelques jours seulement après le remaniement gouvernemental du 30 juin 2009 n'ont pas disparu. Bien au contraire, ces forces d'inerties plombent l'action du Premier ministre Philémon Yang. Au cours de ce conseil ministériel, Paul Biya avait déclaré: « ...Mon objectif n'a pas changé. Il s'agit, à travers la politique des «grandes ambitions» définies au début du septennat, d'assurer le développement de notre pays et d'améliorer les conditions d'existence de notre population. Si, incontestablement des avancées ont été réalisées, les résultats obtenus n'ont pas été à la hauteur de toutes nos attentes. Il était nécessaire de se demander pourquoi, d'identifier les obstacles rencontrés et d'en tirer les leçons... Pour dire les choses clairement, je crois que nous avons manqué de dynamisme. L'inertie que j'ai souvent dénoncée a repris le dessus. Malheureusement aussi, la corruption, même si elle est vigoureusement combattue, continue de freiner notre action...»

C'est une allocution de visionnaire que le chef de l'Etat avait prononcée ce 3 juillet 2009. Un discours qui continue à lui donner raison, hélas, plus d'un an après: c'est un constat d'échec. S'agissant du secteur de l'énergie, Paul Biya avait annoncé ce jour-là que «les responsables de ce secteur devront dans les six mois rendre compte des actions entreprises». A ce jour, aucun responsable des ministères techniques n'a rendu compte, puisque hormis Emmanuel Edou et Bienvenu Obelabout respectivement Délégué général à la sûreté nationale et directeur général de la recherche extérieure qui ont été récemment limogés, l'équipe ministérielle constituée le 30 juin 2009 est toujours en place.


L'emprunt obligataire pour sauver les grandes ambitions

Paul Biya a enfin compris que plusieurs de ses collaborateurs ne lui veulent pas du bien car au lieu d'assumer pleinement leurs charges, leurs fonctions, ils travaillent plutôt dans la mauvaise direction en travaillant mal de manière consciente. Afin de ne pas perdre la face devant la population pendant la campagne électorale de 2011, Paul Biya a enfin décidé de prendre les choses en main: il va désormais s'occuper personnellement de sa politique des grandes ambitions en les finançant sur les fonds de l'emprunt obligataire dont le ministre des Finances Essimi Menye va prochainement lancer. Paul Biya a trouvé l'astuce pour contourner ses ministres qui ne mouillent pas suffisamment le maillot pour sa politique des grandes ambitions. Il convient de lire attentivement la formulation du décret qui autorise le ministre des Finances à lancer l'emprunt obligataire. Le chef de l'Etat s'arroge en effet le privilège d'utiliser les 200 milliards de FCFA de l'emprunt obligataire que le gouvernement camerounais va lever à la Douala Stock Exchange (DSX) pour «financer les projets de développement». Un passage du décret signé le 2 septembre 2010 autorisant Essimi Menye à lancer l'emprunt obligataire est on ne peut plus clair : «Les emplois de l'emprunt obligataire (...) sont soumis à l'approbation préalable du président de la République». En clair, cela veut dire que Paul Biya va consacrer une grande partie de ces fonds à la construction d'infrastructures, en fait pour concrétiser, matérialiser sur le terrain sa politique des grandes ambitions pour éviter la honte lors de la campagne présidentielle de 2011. Qui a dit que Paul Biya n'est pas intelligent ? Il l'est, et même très intelligent.

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