Jean-Lambert Nang (sur Paul Le Guen): Trop cher payé !

Qu’on le veuille ou non, rien ne saurait justifier le mirobolant salaire que le gouvernement camerounais a décidé d’octroyer au sélectionneur français des Lions indomptables ; le moins que l’on puisse en dire est qu’il dépasse tout entendement.

La chronique de Jean-Lambert Nang: Trop cher payé

!
Qu’on le veuille ou non, rien ne saurait justifier le mirobolant salaire que le gouvernement camerounais a décidé d’octroyer au sélectionneur français des Lions indomptables ; le moins que l’on puisse en dire est qu’il dépasse tout entendement. Et cela pour plusieurs raisons dont la plus élémentaire est que notre pays, très endetté depuis son atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, est, aujourd’hui encore malheureusement, soumis aux affres d’une crise économique que l’on annonce plus oppressante pour les populations, l’année prochaine.

Quels que soient les arguments, de quelques uns de mes compatriotes, subjugués par notre qualification à la Coupe du Monde, et qui disent « comprendre » une telle aberration, M. Le Guen se voit offrir-là un pont d’or que son pays d’origine, la France, pourtant mille fois mieux loti que le Cameroun, tant financièrement qu’économiquement, ne se permet pas avec son homologue, Raymond Domenech !

L’analyse du comparatif des salaires des trente deux sélectionneurs qui s’assoiront sur les bancs de touche sud africains l’an prochain, témoigne à suffisance de ce que les autorités sportives camerounaises sont tombées sur la tête ! Les Etats-Unis, la Corée du Sud et bien d’autres nations, au palmarès sportif et aux cordons boursiers de bien meilleure santé que les nôtres, ne se sont pas permis pareille gâterie à l’endroit de leurs entraîneurs ! Ce qui nous pousse tout naturellement à nous demander ce que cache cet accès de mansuétude de nos décideurs…

Dans un milieu soumis depuis des lustres à des ententes mafieuses entre recruteurs et sélectionneurs, sous le contrôle d’agents véreux, qu’est ce qui nous garantit la transparence de la transaction qui confère à M. Le Guen le seizième salaire des sélectionneurs mondialistes. La mode, ces dernières années, sous nos cieux, était au paiement intégral des mois de contrat dus à l’employé. La tradition a-t-elle été reconduite ? Qui percevra les dividendes d’une telle opération juteuse ?

Le sélectionneur des Lions indomptables a beau claironner qu’il n’est point obnubilé par le montant de son salaire, et que seul son travail lui importe, on a mille et une raisons d’en douter, d’autant qu’en plus de la manne de la sélection nationale camerounaise, il continue, tous les week-end, d’assurer des piges sur une chaîne de télévision cryptée française. On en pensera ce que l’on veut, mais c’est d’un manque de respect à la nation qui lui assure son salaire à plein temps.

Qu’on se le dise, même si la performance d’une équipe reste largement tributaire des stratégies de son entraîneur, nous demeurons indécis, perplexes et par conséquent incapables de véritablement jauger la part du Français dans la métamorphose des Lions indomptables au cours des éliminatoires couplées Can/Coupe du Monde, nonobstant le concert d’éloges qui l’a entouré.

Le Président de la République, en personne, n’a-t-il pas fait part à ses compatriotes du « fighting spirit » des Lions, cette marque de fabrique qui leur est propre ? Cet esprit de combat ne s’est-il pas démontré par le passé, chaque fois que les Lions étaient dos au mur, et qu’ils ont dû puiser au-dedans de leurs viscères et de leurs tripes pour déjouer les oracles ? Ont-ils à ces moments de légende fait appel à la science d’un entraîneur pour se transcender et dompter les Everest ? Tout en rendant à César ce qui lui appartient, que l’on arrête de surévaluer la valeur marchande du sélectionneur camerounais.
Les enchères ainsi ouvertes, sur les primes affectées aux uns et aux autres, à quelques jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations en Angola, pourraient susciter des vocations chez nos joueurs et mettre en péril nos projets secrets dont : la victoire en Can, et pourquoi pas en Coupe du Monde.
Les joueurs de M. Le Guen, informés des deux cent quatre vingt millions de francs, hors primes de matches, gracieusement accordés à leur mentor, baisseront-ils la garde lorsque viendra leur tour d’étaler leurs prétentions ? Dans ce cas, se prépare-t-on à connaître un nouveau cycle de perturbations dans l’apparente sérénité qu’affichent pour l’heure Fécafoot et Minsep, dans la préparation du calendrier international ?

Nous ne voulons pas passer pour des oiseaux de mauvais augure, mais petit à petit, semble se mettre en place, l’architecture de lendemains incertains pour notre sélection nationale. Que le ciel nous en préserve…

 

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