L'AFRIQUE CRITIQUE LA VICTOIRE DE BIYA

 

 

L'Afrique critique la victoire de BiyaLe 21 octobre, la Cour suprême du Cameroun a proclamé Paul Biya vainqueur de la présidentielle du 9 octobre. Le Sphinx va débuter un sixième mandat sans que cela n'étonne personne.

Après avoir rejeté les recours de candidats de l’opposition qui souhaitaient annulé la présidentielle, la Cour suprême a annoncé le vainqueur du scrutin du 9 octobre. Paul Biya a été réélu à la tête du Cameroun avec 77,98% des suffrages. Ainsi, malgré un bilan des plus mitigés, le président sortant va entamer son sixième mandat.
Sans surprise

Tous les médias s’accordent à dire que le vote du 9 octobre était sans enjeu. Au pouvoir depuis 1982, la victoire de Paul Biya ne faisait aucun doute. Afrik.com évoque une réélection «sans surprise» du président sortant.

Pour l’Observateur Paalga, «Biya parade, la gloire en moins». Le quotidien du Burkina Faso évoque la longueur de l’audience (huit heures) qui s’est terminée par la proclamation de la victoire (attendue) de Biya. Le journal fustige également la Cour  suprême qui, « à force de vouloir entretenir le suspense, a accouché d’une souris, voire pire, d’un souriceau».

Le quotidien algérien El Watan rappelle que le Cameroun de «Paul le Françafricain» figure «dans le peloton de tête des nations les plus corrompues du monde». De nombreuses voix se sont élevées contre des irrégularités lors du scrutin.

«Dans un pays où, depuis belle lurette, les présidentielles sont jouées d’avance et donc sans aucune surprise», l’Observateur Paalga considère qu’«il n’y a rien de neuf sous le Biya-soleil, les fraudes ont toujours été parties intégrantes de son systéme. Le journal burkinabé estime que le «Cameroun de Biya n’a rien de démocratique».

Certains candidats de l'opposition ont affirmé que le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) a tenté d'acheter des électeurs. Jean-Jacques Ekindi  a déclaré que des membres du parti présidentiel avaient proposé de l'argent dans certains bureaux de vote.

Cameroon Tribune est l'un des seuls journaux à se réjouir de la victoire du président sortant. Proche du pouvoir, le quotidien se félicite de cette réélection et évoque ce «moment tant attendu» avec complaisance.
Mais que fait l’opposition?

Vingt-deux. C’est le nombre de candidats qui se sont présentés à cette élection présidentielle. Face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RPDC) de Paul Biya, parti tentaculaire implanté dans tous les coins du pays, l’opposition, désunie, n’avait aucune chance.

Plus que la réélection de Biya, qui ne faisait pas l’ombre d’un doute, c’est l’incompétence de cette opposition que les médias ont tenu à souligner. Au lieu de se rassembler dès le début de la campagne, elle a décidé d’unir ses forces après le vote pour contester la présidentielle.

Le 17 octobre, John Fru Ndi, farouche opposant de Biya, et six autres candidats ont signé la Déclaration de Yaoundé, un texte dans lequel ils rejettent par avance les résultats du scrutin. Le journal La Nouvelle Expression se demande si les candidats de cette Déclaration ne sont pas «trop différents pour réussir». Il rappelle notamment que les membres de cette coalition sont «les mêmes qui n’arrivent jamais à s’entendre» lorsque la question de la «candidature unique» est posée.

Dans une tribune du journal en ligne Quotidien Mutations, le professeur Hubert Mono Ndzana, philosophe camerounais, a tenu à défendre les opposants qui se sont présentés à la présidentielle. Ce dernier a réagi à une interview de l’Intellectuel Achille Mbembe, dans laquelle il qualifie l’opposition d’imbécile.

Dans sa tribune, Ndzana apporte son soutien à ces candidats qui, selon lui, avaient tous une légitimité dans le débat politique. Le philosophe navigue à contre-courant, estimant que le «niveau de cette élection présidentielle était élevé».

En Afrique du Sud, le Mail & Guardian a fait appel à l’intellectuel Achille Mbembe évoqué précédemment pour commenter cette présidentielle. Ce dernier critique une opposition fragmentée, à court d’idée et d’argent. Pour Mbembe, le changement au Cameroun ne s’effectuera pas par la voie des urnes:

    «Cela ne résultera pas d’élections pacifiques. Nombre de citoyens sont désabusés et se rendent compte que pour obtenir le changement, il va falloir passer par la violence. Le problème est qu’il n’y a pas dans le pays des organisations capables d’organiser une telle révolte.»

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