Newsweek trouve à Sarkozy un «complexe d'Obama»

Constance Jamet (lefigaro.fr)
01/10/2009 | Mise à jour : 19:20
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Capture du site Newsweek.
Capture du site Newsweek.

Les deux chefs d'Etat «veulent être aux avant-postes de chaque initiative», note le magazine américain qui dresse parallèlement un portrait plutôt élogieux du président français.

Objet de toutes les spéculations en France, la relation Obama-Sarkozy a piqué la curiosité de Newsweek. Et pour l'hebdomadaire américain, le diagnostic est sans appel à l'issue du G20 : le président français «souffre du complexe d'Obama», titre la une européenne du magazine. «A Pittsburgh, lorsque Barack Obama, Gordon Brown et Nicolas Sarkozy ont dénoncé la construction par l'Iran d'un nouveau site d'enrichissement de l'uranium, le président français est apparu en retrait comme si son instinct lui avait dit que ce sommet aurait dû être son show», remarque le journal pour qui Sarkozy éprouve un besoin vital d'être un meneur.

Une ténacité qui ne peut que tendre les relations, «loin d'être idéales», entre l'Elysée et la Maison-Blanche. Car les deux chefs d'Etat «veulent être aux avant-postes de chaque initiative», souligne Newsweek. «Obama, parce qu'il est président des Etats-Unis et Sarkozy, parce qu'il est très ambitieux et que les Français sont très ambitieux pour lui». Les rapports entre les deux hommes «manquent de complicité», poursuit le magazine. Barack Obama semble «parfois à peine remarquer son homologue hyperactif». A l'inverse, Nicolas Sarkozy ne trouve pas que le président américain soit un dirigeant «suffisamment ferme». Et le journaliste Christopher Dickey de filer la métaphore hollywoodienne : Sarkozy serait «le minuscule Joe Pesci, tout en tics et en poses, jouant face à Denzel Washington, tout en dignité et en réserve».

 

L'axe Paris-Washington, la force «la plus dynamique» de l'Otan

Malgré le titre de son papier, Christopher Dickey dresse un portrait en contrepoint plutôt élogieux de Nicolas Sarkozy, qui «peut avec raison prétendre avoir ouvert la voie à Obama». Arrivé au pouvoir un an et demi avant son homologue américain, le président de la République l'a précédé dans biens des domaines, «des pirates somaliens à l'Iran en passant par le G20, la prime à la casse, la taxe carbone, l''afghanisation' de la guerre en Afghanistan, la manière d'aborder la belligérance russe et les ouvertures de paix envers la Syrie». Sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, observe Newsweek, l'axe Paris-Washington est devenu à bien des égards la force «la plus dynamique de l'Alliance atlantique. Celle qui définit l'agenda mondial».

Les deux hommes ont beaucoup en commun. «Leurs discours à l'ONU ont montré qu'ils étaient tous deux des internationalistes qui partageaient la même vision d'un ordre économique plus contrôlé». Christopher Dickey, chef du bureau de Paris, regrette d'ailleurs qu'Obama et Sarkozy ne soient pas plus proches et met même en garde le président américain contre les dangers d'une rivalité «ouverte». «Quand le partenariat Obama-Sarkozy fonctionne, il donne des résultats saisissants - à l'image de la lutte contre les pirates somaliens -. A contrario, Sarkozy n'est pas quelqu'un qu'on veut voir travailler contre soi». Le journaliste évoque, en anecdote, la rencontre entre le nouvel ambassadeur américain en France et des reporters hexagonaux. Ceux-ci l'auraient averti que si Obama tentait de contourner le chef de l'Etat ou de prendre l'opinion publique française à témoin, Nicolas Sarkozy pourrait se transformer en ennemi redoutable.

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