Les révélations du porteur de valises de l'Elysée

 

L’avocat Robert Bourgi raconte comment il a convoyé jusqu’à l’Élysée pendant des années les millions des chefs d’État africains. Un récit hallucinant des relations secrètes France-Afrique.

"J’étais le porteur de valises de Chirac puis Villepin." Pendant un quart de siècle, l’avocat Robert Bourgi, alias "M. Chambertin" quand il se présentait à la porte de l’Élysée, n’a jamais parlé. Aucun juge ne l’a jamais entendu. Ni Éric Halphen, dans l’affaire des HLM, ni Eva Joly dans l’affaire Elf, ni Philippe Courroye dans celle de l’Angolagate. Et pourtant, son témoignage, tel qu’il nous le livre aujourd’hui, aurait fait "sauter la République"…

Formé par Jacques Foccart, l’homme de l’ombre de De Gaulle, Robert Bourgi a travaillé entre deux continents, entre les chefs d’État africains et l’Élysée chiraquien. Au coeur de la matrice de la Françafrique, dont il est dépositaire de tous les secrets, il a survécu à toutes les crises grâce à son silence et à sa discrétion. "Foccart m’avait appris que les vrais secrets ne s’échangeaient qu’à deux, jamais à trois", glisse ce Libano-Africain marié à une Corse, qui parle arabe et wolof… et qui appelait Omar Bongo "papa".

"Foccart m’avait aussi dit de ne jamais toucher ni au pétrole, ni aux matières premières stratégiques, ni aux armes", ajoute-t-il. L’avertissement a permis à Bourgi de traverser les affaires Elf et Angolagate sans jamais être inquiété. "Personne ne m’a jamais interrogé… J’ai toujours atterri au Bourget ou à Roissy sans être embêté. Une seule fois, j’ai eu peur. Un soir de manifestations, accompagné d’un émissaire africain, j’ai traversé Paris avec 4 millions d’euros en petites coupures dans le coffre de ma voiture", sourit l’avocat.

Pourquoi parle-t-il aujourd’hui depuis son bureau, où se mélangent statue de Napoléon et photos de De Gaulle? Dans le livre de Pierre Péan, La République des mallettes, Robert Bourgi lève un stupéfiant coin du voile sur ces fonds occultes. "Ce que je vais dire, c’est quarante fois la “cassette Méry”", prévient-il. Pas faux. Pour le JDD, cet homme de l’ombre raconte.

Laurent Valdiguié - Le Journal du Dimanch

 

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